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Annie Nicolas | Sophrologie & psychothérapie

Hypnose clinique

Définition et Histoire

L'état hypnotique

L'état hypnotique est un état naturel et spontané. Nous le connaissons tous lorsque nous plongeons dans un roman, lorsque nous nous laissons aller à la rêverie en contemplant le bouillonnement des vagues, un paysage ou un tableau, ou encore en écoutant un morceau de musique. Un état où, pour un moment, nous sommes en dehors du temps conscient.

C'est aussi l'état dans lequel nous nous trouvons lorsque notre regard, toute notre attention et parfois tous nos sensations sont happées par un écran, un spectacle, un concert.

Donc chacun de nous a pu faire l'expérience de cet état qu'on l'appelle également «état de conscience modifié» parce la conscience est «modifiée» par rapport à l'état de veille où la conscience est vigile.

L’état hypnotique est précisément ce moment de conscience où les choses sont perçues autrement.

L'Hypnose: ce qu'elle est et ce qu'elle n'est pas

Les études menées par les neurosciences depuis une vingtaine d'années ont permi de mettre en évidence les modifications réelles qui interviennent dans le fonctionnement du cerveau lorsqu'un sujet est en état hypnotique et donc de prouver sa réalité et son utilité.

Se mettre en état d’hypnose, ou faire de l’hypnose avec un praticien, c’est reproduire intentionnellement cet état de conscience avec un objectif précis, identifié et choisi par le patient (gestion d'une anxiété, de douleurs, d'une addiction, affirmation, etc ...).

L’état hypnotique étant la reproduction d’un état naturel et spontané, tout le monde peut y avoir accès. L’apprentissage de la méthode (l'auto-hypnose) et sa répétition régulière permet à chacun de pouvoir entrer avec de plus en plus d’aisance et de rapidité en hypnose : plus on s’exerce et plus on progresse.

Les idées reçues

L'hypnose est souvent l'objet de confusions avec les spectacles au cours desquels on peut voir des personnes «manipulées» par un animateur. L'hypnothérapeute n'est pas là pour faire faire des choses spectaculaires à son patient, mais pour lui proposer d'activer des processus de changements thérapeutiques. Ce sont des objectifs différents.

Ça n'a rien à voir avec un pouvoir, il s'agit d'une technique qui s'apprend. Le thérapeute a suivi une formation en hypnose thérapeutique.

  • Est ce que le patient dort ? : Non, il ne dort pas. Il entend tout ce qui se passe autour de lui et peut à tout moment ouvrir les yeux, bouger ou parler.

  • Le patient ne se rappelle de rien : Il se souvient tout ce qui s'est passé dans la séance. Si autrefois on parlait effectivement d'amnésie en hypnose, c'est parce qu'elle était proposée comme pouvant favoriser le lâcher-prise. Aujourd'hui on parle au contraire d'hypervigilance puisque les sensations et la mémoire sont sollicitées afin d'y puiser des ressources utiles

  • Est-ce que le thérapeute peut prendre le contrôle ? Non. L’état d’hypnose est un état d'hypervigilance.Le patient garde toujours le contrôle sur ce qui se passe. Il reste en contact avec la réalité et peut sortir de la séance à tout moment.

  • On recherche des souvenirs oubliés : les seuls souvenirs qui vont être sollicités sont ceux qui vont constituer des ressources aidantes pour le patient. L'esprit est bien fait, les souvenirs oubliés sont protégés par l'inconscient qui ne les libère que si le patient le souhaite et si les conditions de sécurité sont suffisantes.

  • Tout le monde n'est pas hypnotisable : Tout le monde peut atteindre cet état entre veille et sommeil puisque nous le faisons naturellement plusieurs fois dans la journée.


Rapport de l’Inserm quant à l’efficacité de l’hypnose (juin 2015) : http://www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-recherche/comment-evaluer-l-efficacite-de-l-hypnose

Parcours historique

L'histoire de l'hypnose dépasse de beaucoup celle de la psychothérapie. Cette vieille pratique a toujours négocié avec les frontières entre sciences, occultisme, spectacle, thérapie, etc. Son utilisation dans un cadre thérapeutique a ainsi longtemps été source de controverses.

C’est avec Anton Mesmer, médecin, théologien, chimiste et physicien viennois venu à Paris à la fin du 18ème siècle que l'hypnose est sortie des croyances pour être étudiée comme une science. Le magnétisme, science qui étudie l’attraction de certains métaux entre eux et l’électromagnétisme sont deux découvertes retentissantes de cette époque. Mesmer connaissait les travaux de Faraday et il a utilisé ces données scientifiques pour les appliquer à une nouvelle technique de soins qu’il intitule : «le magnétisme animal».

Pour la première fois dans l’histoire de la médecine occidentale des médecins ont cherché à provoquer et à utiliser les états et des conduites autrefois interprétés comme surnaturels. Mesmer parlait d’un état de «crise magnétique», qui était le moment thérapeutique où les blocages internes cèdaient grâce à l’intervention d'un «fluide magnétique». A cette fin il utilisait son discours mais aussi différents objets : la baguette, les mains, et surtout le «baquet» conçu comme un accumulateur susceptible d’emmagasiner des quantités importantes de fluide.

Le marquis de Puységur, disciple de Mesmer, a mis en évidence la capacité de certains sujets «magnétisés» à accéder à des capacités et des connaissances accrues, cet état est désigné comme «sommeil lucide».

Cette première partie de l’histoire de l’hypnose qui s'est déroulée peu avant la révolution française a été marquée par un essor extrêmement rapide. Cet engouement a d'ailleurs conduit les autorités à demander une expertise de cette pratique. Deux commissions ont été nommées qui ont contesté la réalité physique du fluide tout en reconnaissant la réalité des effets thérapeutiques observés. En 1784, 5 ans après l’arrivée de Mesmer en France, la pratique magnétique était interdite aux médecins à cause de risques d’épidémie sociale et de danger pour les moeurs.

Ce coup d'arrêt a relégué l'hypnose dans le monde spectacle pour de nombreuses décennies.

Jusqu’à la fin du 19ème siècle les mots «magnétisme» et «hypnotisme» sont pratiquement synonymes. Pour exemple, le livre publié en 1887, par des collaborateurs du Professeur Charcot, qui traite de l’hypnotisme et dont le titre est : «Le magnétisme animal».

James Braid, chirurgien écossais, s'intéressait à deux domaines de la médecine, nouveaux à l'époque : la neurologie et la psychiatrie, ainsi qu'à l'hypnose. Il s'est attaché à étudier le processus en jeu dans cette pratique. Dans son livre, «Neurypnologie, Traité du sommeil nerveux ou hypnotisme, considéré dans ses relations avec le magnétisme animal», qu'i la publié en 1843, il écrivait : « il n’y a pas de magnétisme, il n’y a que de la suggestion ». Cette deuxième étape a entraîné les médecins qui quittèrent l’espace du magnétisme pour adhérer à cette nouvelle science : l’hypnose.

L’hypnose était maintenant expliquée par l’action neurologique de la suggestion, action qui génère un état comparable au sommeil. Ces médecins devinrent des hypnotistes et ceux qui ne suivirent pas cette théorie neurologique devinrent des magnétiseurs.

Au 20ème siècle, Milton Erickson, psychiatre américain, a apporté un regard complètement nouveau sur la pratique de l'hypnose et lui a permi de devenir une pratique thérapeutique à part entière. Il a très tôt utilisé l’autohypnose pour lui-même, comme un outil de traitement de sa paralysie motrice et sensorielle consécutive à une poliomyélite. L’autohypnose Cette expérience l’a amené à une grande conviction sur les effets thérapeutiques de la suggestion et de l’hypnose.

Jusqu’aux travaux de Milton Erickson, la pratique hypnotique était fondée sur des suggestions directives dans lesquelles l’hypnothérapeute proposait directement au patient la solution d’un problème.

Avec Erickson, le patient devient acteur de sa guérison. L’hypnothérapeute ne cherche plus à trouver une solution, il invite celui-ci à accéder à ses ressources intérieures, souvent méconnues ou négligées, pour y trouver ce qui va lui être utile pour atteindre l'objectif qu'il s'est fixé. Bon nombre de nos compétences acquises lors de nos expériences de vie partent aux oubliettes de notre mémoire si elles ne reçoivent pas, sur le moment, les encouragements mérités qui permettraient de les intégrer comme appréciables. Ce n'est pas pour autant qu'elles disparaissent. En tant qu'humain, nous sommes doués d'une grande capacité d'adaptation et de changement; c'est probablement elle qui a permi à notre espèce de perdurer dans les environnements hostiles des débuts de l'humanité. Le postulat est donc que que chaque individu possède en lui des ressources dans lesquelles il peut puiser, pour peu qu'il en retrouve le chemin.

Au 21ème siècle, les neuro-sciences se développent à grande vitesse et les travaux, principalement axés sur l’étude de la conscience, révolutionnent notre conception de l’hypnose.Elle n’est plus un état proche du sommeil, elle peut être assimilée à une activation particulière de la conscience. La conscience elle-même devient un espace unique, non cloisonné, fonctionnel, toujours actif, à intensité variable. Cette nouvelle carte de la conscience modifie profondément notre technique hypnotique et ces modifications, soutenues par l’idée d’activation de la conscience, nous permettent d’élaborer un nouveau modèle technique et thérapeutique, complémentaire du modèle hypnotique d’Erickson.






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